Le diagnostic de luxation d'épaule est évident en général : traumatisme, douleur intense, galbe d'épaule déformé, bras bloqué par la douleur.
Une fois réduite (en se relâchant, en douceur), on aimerait ne plus jamais la luxer.
Chez les sujets âgés, sédentaires, non laxes, à leur premier épisode, le médecin est rassurant.
Chez le sujet très jeune, sportif, hyperlaxe, et en particulier quand il y a eu atteinte osseuse, le médecin aimerait être rassurant...
Comme une balle de tennis posée contre une petite soucoupe presque plate, la stabilité de l’épaule n’est pas dans son architecture osseuse. Elle est assurée par les structures capsulaires et
ligamentaires environnantes.
Lorsque la qualité de ses tissus fait défaut, après une ou plusieurs luxations, il faut rechercher une solution fiable, une solution qui s’affranchit de la qualité de ces tissus. D’autant plus si
la luxation a laissé une encoche osseuse dans la tête humérale, porte ouverte à de nouvelles sorties de route de l’épaule (c'est l'encoche de Malgaigne).
En 1954, un chirurgien lyonnais, Latarjet, publie ce qui reste la solution la plus efficace. Elle fait quasi l’unanimité dans le monde orthopédique (c'est assez rare pour le souligner...).
Ses prédécesseurs allaient chercher au tibia ou au bassin un grand greffon osseux pour créer un effet de butée, un trottoir anti-luxation.
Latarjet utilise une petite excroissance de l'omoplate, appelée processus coracoïde, pour remplacer ce greffon. Ce processus est à deux pas de l'articulation.
Mais le greffon osseux n'est plus là pour contraindre la tête de l'humérus à rester en place, il ne sert plus que de garde-fou.
En effet, l'apport majeur de la technique vient des tendons insérés naturellement sur ce processus coracoïde : ils sont à présent plaqués contre la tête humérale et la soutiennent dans l'articulation comme un hamac.
2 vis robustes fixent ce processus coracoïde à sa nouvelle place.
L’intervention a été raffinée par la suite, moins délabrante. Les muscles sont écartés sur le chemin opératoire, sans être sectionnés.
2 semaines de cicatrisation. La peau est protégée plusieurs semaines car la cicatrice a tendance à s'élargir facilement (peau fine).
Un mois de convalescence, où on passe d’une simple écharpe pour reposer l’épaule (pas d’immobilisation stricte), à une vie quotidienne normale, en autorééducation.
Après un mois, kinésithérapie avec notamment travail de récupération des amplitudes en rotation externe, renforcement musculaire. Reprise de la course à pied par exemple.
A 3 mois, sports en contrainte et efforts intenses.
Dr Julien Rémi
Centre de Consultation Croix du Sud, 52 bis chemin de Ribaute (6ème B), 31130 Quint 05 32 02 72 62
Centre Antoine Marfan, 10 rue Théophile Barrau 11400 Castelnaudary 04 68 94 94 20